Feu d'appartement à New York
Feu d’appartement à New York
Le feu se développe au premier étage d’un immeuble à usage d’habitation R+4, les fumées et gaz chauds sont visibles sur la face D.
Il n’y a pas de foyer visible et les fumées qui se dégagent s’intensifient progressivement. On peut constater d’après l’aspect des fumées (noires et épaisses) que la combustion est très incomplète, qu’elles sont très riches en gaz imbrûlés (CO, suies, gaz de pyrolyse, etc…).
Le panache sort par toute la surface de l’ouvrant indiquant donc que le feu respire par un autre ouvrant, probablement la porte du logement laissée ouverte…
Une fumée plus claire s’échappe de l’interstice supérieur de la fenêtre de droite. Les deux vitres situées sur la gauche sont fermées et noircies par les fumées indiquant que les pièces ne sont pas confinées.
Le dégagement de fumées est de plus en plus intense, elles sont de plus en plus chaudes et véloces, annonçant l’imminence de l'EGE. Elles atteignent leur TAI (Température d’Auto-Inflammation) vers 1.10min, mais elles ne s’enflamment au contact de l’air que quelques mètres au dessus de l’ouvrant, car au débouché elles sont trop riches en combustibles et donc ne brûlent pas.
Plein développement du sinistre atteint vers 1.50 min, alors que les secours se présentent.
(ndla : délai moyen d’intervention des pompiers à New York inférieur à 4 min 30 sec !)
Deux lances sont établies l’une après l’autre par les communications existantes sur la face A depuis l’engin pompe au moyen de tuyaux pliés en écheveaux.
La première aura pour mission l’attaque du foyer, la seconde servira d’appui aux équipages chargés des reconnaissances au niveau N+1.
Vers 3 minutes, on remarque qu’un pompier (vraisemblablement l’OVM = Outside Vent Man = Pompier chargé de « ventiler » depuis l’extérieur) brise la fenêtre depuis l’escalier extérieur de secours situé en face D.
Question : Dans quel but ? Afin de faciliter l’évacuation de la vapeur lors de l’attaque ?
On peut remarquer que suite à son action, les fumées s’embrasent…
(L’apport d’air ainsi généré dilue les fumées chaudes et combustibles qui repassent dans la plage d’inflammabilité et s’embrasent puisqu’ayant atteint leur TAI).
En l’absence de sauvetage ou de lance à établir pour stopper une propagation verticale, une échelle aérienne est positionnée à 4 min pour atteindre la toiture afin :
- de générer un exutoire (en l’occurrence le skydome depuis l'extérieur), afin de préserver la cage d’escalier, potentiellement enfumée du fait de la porte de l’appartement laissée ouverte, ou suite à l’attaque de l’intérieur. En effet, les fumées s'embrasant au contact de l'air sur la face D, le risque est identique en toiture, générant un risque de propagation vers l'intérieur de cette cheminée, piégeant les pompiers qui « ventileraient de l'intérieur »,
- d’effectuer une reconnaissance en toiture pour rechercher d’éventuelles victimes qui se manifesteraient sur les autres faces (C) cachées du bâtiment, ainsi qu’une propagation du feu horizontale ou verticale,
L’attaque est efficace dès 4 min 50 sec. avec l’apparition de vapeur d’eau depuis l’ouvrant. Des reconnaissances par l’extérieur au moyen de l’échelle aérienne et d’une échelle à coulisse sont réalisées au premier et deuxième étages, enfumés en face A.
Une mise en sécurité est réalisée à 9 min et 45 sec.Bel exemple d’efficacité, les tactiques sont pro actives et adaptées à ces habitations typiques du paysage urbain new yorkais.
Le feu encore ici limité par la ventilation dans sa phase de croissance aurait adoré que les deux vitres Face D soient brisées…
Heureusement, ce ne fût pas le cas, le feu est resté relativement riche, dégageant moins d’énergie et « limitant » ainsi son développement.
En résumé :
- Délais d’intervention très courts par l’implantation géographique de nombreux petits centres de secours sur le territoire de la ville,
- Train de départ initial pour feu de bâtiment (sans autres indications) important et adapté au risque (deux pompes, deux échelles + 1 chef de bataillon (ndt = chef de groupe),
- Mode opératoire pré-déterminé dans les « grandes lignes » selon les principaux types de bâtiments, ce qui permet un gain de temps du à une connaissance adaptée de l’agencement général de la structure, se traduisant notamment par un pré-positionnement des engins par rapport au bâtiment,
- Utilisation précoce de l’échelle aérienne rapidement positionnée afin d’atteindre le toit en vue d’y créer un exutoire ainsi que d’effectuer une reconnaissance « aérienne » tout en permettant aux pompiers engagés dans le bâtiment de disposer d’un itinéraire de secours,
- Débit d’attaque important (utilisation de tuyaux d’1 pouce ¾ ),
- Feu rapidement maitrisé avec calme et efficacité,
- Utilisation de lances dites « smooth bore » (fût tronconique) datant d’un autre âge, paradoxe des corps de pompiers de la côte est en général et de New York en particulier…
- Pas d'utilisation de la VPP, contrairement aux corps de pompiers de la côte ouest, le FDNY n'a pas recours à cette technique opérationnelle.
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