29 oct. 2008

Feu d'appartement à New York

video

Feu d’appartement à New York

Le feu se développe au premier étage d’un immeuble à usage d’habitation R+4, les fumées et gaz chauds sont visibles sur la face D.

Il n’y a pas de foyer visible et les fumées qui se dégagent s’intensifient progressivement. On peut constater d’après l’aspect des fumées (noires et épaisses) que la combustion est très incomplète, qu’elles sont très riches en gaz imbrûlés (CO, suies, gaz de pyrolyse, etc…).

Le panache sort par toute la surface de l’ouvrant indiquant donc que le feu respire par un autre ouvrant, probablement la porte du logement laissée ouverte…

Une fumée plus claire s’échappe de l’interstice supérieur de la fenêtre de droite. Les deux vitres situées sur la gauche sont fermées et noircies par les fumées indiquant que les pièces ne sont pas confinées.

Le dégagement de fumées est de plus en plus intense, elles sont de plus en plus chaudes et véloces, annonçant l’imminence de l'EGE. Elles atteignent leur TAI (Température d’Auto-Inflammation) vers 1.10min, mais elles ne s’enflamment au contact de l’air que quelques mètres au dessus de l’ouvrant, car au débouché elles sont trop riches en combustibles et donc ne brûlent pas.

Plein développement du sinistre atteint vers 1.50 min, alors que les secours se présentent.
(ndla : délai moyen d’intervention des pompiers à New York inférieur à 4 min 30 sec !)

Deux lances sont établies l’une après l’autre par les communications existantes sur la face A depuis l’engin pompe au moyen de tuyaux pliés en écheveaux.
La première aura pour mission l’attaque du foyer, la seconde servira d’appui aux équipages chargés des reconnaissances au niveau N+1.

Vers 3 minutes, on remarque qu’un pompier (vraisemblablement l’OVM = Outside Vent Man = Pompier chargé de « ventiler » depuis l’extérieur) brise la fenêtre depuis l’escalier extérieur de secours situé en face D.

Question : Dans quel but ? Afin de faciliter l’évacuation de la vapeur lors de l’attaque ?
On peut remarquer que suite à son action, les fumées s’embrasent…
(L’apport d’air ainsi généré dilue les fumées chaudes et combustibles qui repassent dans la plage d’inflammabilité et s’embrasent puisqu’ayant atteint leur TAI).

En l’absence de sauvetage ou de lance à établir pour stopper une propagation verticale, une échelle aérienne est positionnée à 4 min pour atteindre la toiture afin :

  • de générer un exutoire (en l’occurrence le skydome depuis l'extérieur), afin de préserver la cage d’escalier, potentiellement enfumée du fait de la porte de l’appartement laissée ouverte, ou suite à l’attaque de l’intérieur. En effet, les fumées s'embrasant au contact de l'air sur la face D, le risque est identique en toiture, générant un risque de propagation vers l'intérieur de cette cheminée, piégeant les pompiers qui « ventileraient de l'intérieur »,
  • d’effectuer une reconnaissance en toiture pour rechercher d’éventuelles victimes qui se manifesteraient sur les autres faces (C) cachées du bâtiment, ainsi qu’une propagation du feu horizontale ou verticale,

L’attaque est efficace dès 4 min 50 sec. avec l’apparition de vapeur d’eau depuis l’ouvrant. Des reconnaissances par l’extérieur au moyen de l’échelle aérienne et d’une échelle à coulisse sont réalisées au premier et deuxième étages, enfumés en face A.

Une mise en sécurité est réalisée à 9 min et 45 sec.Bel exemple d’efficacité, les tactiques sont pro actives et adaptées à ces habitations typiques du paysage urbain new yorkais.

Le feu encore ici limité par la ventilation dans sa phase de croissance aurait adoré que les deux vitres Face D soient brisées…
Heureusement, ce ne fût pas le cas, le feu est resté relativement riche, dégageant moins d’énergie et « limitant » ainsi son développement.


En résumé :

  • Délais d’intervention très courts par l’implantation géographique de nombreux petits centres de secours sur le territoire de la ville,
  • Train de départ initial pour feu de bâtiment (sans autres indications) important et adapté au risque (deux pompes, deux échelles + 1 chef de bataillon (ndt = chef de groupe),
  • Mode opératoire pré-déterminé dans les « grandes lignes » selon les principaux types de bâtiments, ce qui permet un gain de temps du à une connaissance adaptée de l’agencement général de la structure, se traduisant notamment par un pré-positionnement des engins par rapport au bâtiment,
  • Utilisation précoce de l’échelle aérienne rapidement positionnée afin d’atteindre le toit en vue d’y créer un exutoire ainsi que d’effectuer une reconnaissance « aérienne » tout en permettant aux pompiers engagés dans le bâtiment de disposer d’un itinéraire de secours,
  • Débit d’attaque important (utilisation de tuyaux d’1 pouce ¾ ),
  • Feu rapidement maitrisé avec calme et efficacité,
  • Utilisation de lances dites « smooth bore » (fût tronconique) datant d’un autre âge, paradoxe des corps de pompiers de la côte est en général et de New York en particulier…
  • Pas d'utilisation de la VPP, contrairement aux corps de pompiers de la côte ouest, le FDNY n'a pas recours à cette technique opérationnelle.

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4 commentaires:

À 29/10/08 13:04 , Blogger FAB a dit...

Bonjour,

belle vidéo riche en enseignements.

Deux petits commentaires:

- quel dommage que les New Yorkais n'utilient pas la VPP.
Stratégiquement utilisée, celle-ci aurait peut être pu apporter un plus dans la lutte contre ce sinistre.

- positionnement du 1er pump engine.
Ne gêne-t-il pas l'accès d'un second moyen aérien.
Les deux sont sur la façade A.
Le positionnement du 2nd sur la face D aurait peut être pu avoir un intérêt. Positionnement préventif en cas de propagation par la façade, éventuelles évacuations des pompiers en difficulté ou encore mise en sécurité du gars sur son balcon en haut à droite (il me semble par moment bien dans la fumée).
Qu'en pensez vous?

FAB

 
À 30/10/08 10:48 , Anonymous Anonyme a dit...

Hye,
je rejoint FAB (du 9.6 je pense?;-) sur l'emploi de la VPP et sur le mauvais positionnement du 1er egin pompe.
Ils auraient dû dépasser largement l'adresse afin de pouvoir positionner une échelle derrière. Mais apparement il y a des travaux dans cette rue (présence de tractopelle et barrière). Effectivement la mise en sécurité de l'occupant au dernier étage n'est pas prise en compte.
Stéph, comment est organisé le commandement de ce type de feu à New york et quels sont les renforts demandés sur ce genre d'interv? Car on entends encore dans la vidéo, des sirènes, des moyens arrivent donc après la fin des images.
Pourquoi donc, aux States et a NY en particulier, la VPP n'est pas utilisée et pourquoi encore des lances a fut? D'où vient cette différence entre Côtes Est et Ouest?
Merci
GIB

 
À 1/11/08 20:16 , Anonymous Anonyme a dit...

Pour ma part,certes FF calmes et rapide extinction, mais la pompe aurait du laisser sa place aux 1er moyen aérien pour travailler sur les 2 faces. Intéressant le rideau du magasin au RDC qui s'enflamme pourtant très éloigné de la fenêtre en feu ?? propag qui aurait du être stoppée beaucoup plutôt avec le risque de faire péter par la chaleur l'ouvrant remplit de fumées et de déclencher un phénomène thermique !!si une lance avait été présente elle aurait certainement calmer la propage en façade et c'est pourtant pas le monde qui manque au vu du personnel engagés sur feu chez nos amis du FDNY. Avec respect.
R2

 
À 8/11/08 13:37 , Blogger captain a dit...

Concernant la VPP, je ne pense pas qu'elle soit une tactique opérationnelle miracle qui facilite en tout temps la travail des pompiers. Même utilisée dans les regles de l'art, elle peut être source de propagation de l'incendie. Notamment dans les batiments en structure bois avec double enveloppe.

Autre exemple, les pompiers de Montréal ont des ventilateurs mécaniques dans leurs engins, ils maitrisent les techniques d'attaque associées à la VPP, mais ils proscrivent cette tactique lorsqu'ils sont confrontés à des feux de structures (feux qui se propagent dans les vides situés entre les 2 parements de murs)

 

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